Écrit par Grace Rector
Nous avons récemment découvert une plante qui pousse sur la ferme, l’aigremoine. Je suis sûr que vous vous demandez ce qui rend cette plante si spéciale qu’elle fait l’objet d’un blog entier ? Eh bien, laissez-moi vous dire que la découverte de cette plante ne s’est pas faite dans les circonstances les plus favorables. Il y a quelques mois, nous avons trouvé Ralph, l’un de nos alpagas les plus aventureux, avec un tas de boursouflures végétales dans sa fibre. Ce n’était pas l’idéal car nous récoltons leur fibre chaque année pour en faire du fil, des vêtements et divers autres produits. Après avoir passé quelques heures à ébavurer Ralph à la main, nous avons remarqué que Scully et Hotline avaient également des bavures dans leurs fibres ! Après avoir retiré le plus grand nombre possible de fraises, Whitney a décidé de les suivre et de voir si elle pouvait trouver le coupable, et voilà ! Il s’agit en fait d’une aigremoine.
Bien que nous ne soyons pas fans de l’aigremoine qui pousse dans nos pâturages, nous avons découvert qu’il s’agit d’une plante utile dont l’histoire est intéressante. L’aigremoine, ou Agrimonia Eupatoria, se reconnaît à sa longue tige duveteuse sur laquelle poussent des fleurs jaunes en grappes serrées, avec une base feuillue. Les boursouflures que nous avons trouvées dans la fibre de l’alpaga sont visibles sur la photo de droite, au sommet de la tige fleurie.
Depuis des siècles, voire des millénaires, l’aigremoine est utilisée pour soigner diverses affections physiques, et son histoire est passionnante, née à la fois de la tradition et du folklore. Le terme Aigremoine vient en fait du mot grec Argemone, qui signifie “cataracte”. On pense que les Grecs utilisaient l’aigremoine pour soigner les affections oculaires, mais ce n’est pas certain. Les Anglo-Saxons appelaient l’aigremoine “garclive” et l’utilisaient pour soigner les blessures, les morsures de serpent et les verrues occasionnelles. En médecine orientale, la plante a été utilisée à un moment donné pour traiter les problèmes menstruels en raison de ses propriétés coagulantes et anti-inflammatoires. Il était également utilisé sur les champs de bataille au Moyen-Âge pour stopper les hémorragies dues à des blessures par balle ou à des coups de feu. J’ai constaté que son utilisation la plus populaire à travers les cultures est sa capacité à améliorer la fonction digestive, en particulier les affections du foie.
L’histoire de l’aigremoine décrite ci-dessus est issue de la tradition et de la science, mais je pense que le folklore de l’herbe est tout aussi fascinant. Par exemple, les Français séchaient les fleurs et les utilisaient dans un tonique pour purifier leur sang. Chez les païens, on dit que si vous placez les feuilles de la plante sous votre oreiller, vous dormirez comme un mort. Dans certaines cultures, il s’agit encore d’un remède populaire pour dormir. L’une de mes découvertes les plus étranges a été la mention d’un mélange d’aigremoine avec des grenouilles pilées et du sang humain pour arrêter les hémorragies internes. Je me demande comment ils en sont arrivés à cette conclusion.
Plus j’avance dans mes recherches, plus je découvre que l’aigremoine a un CV impressionnant et je comprends pourquoi certains l’ont qualifiée de “panacée”. Ma découverte préférée et inattendue a été l’utilisation de l’aigremoine pour soigner les troubles de l’esprit. Edward Bach, médecin holistique et homéopathe révolutionnaire du début du XXe siècle, ajoutait de l’aigremoine à ses remèdes pour les personnes souffrant d’anxiété et de dépression. Le naturaliste romain Pline l’Ancien qualifiait l’aigremoine d'”herbe d’autorité princière”, et je ne peux qu’être d’accord avec lui. Avec une histoire aussi vaste et une telle variété d’utilisations, je dois considérer l’aigremoine comme une amie, mais pas dans nos pâturages. Cela m’amène à la leçon la plus importante que nous avons tirée de notre rencontre avec Agrimony : Apprivoisez vos pâturages, pas vos animaux.